Le Cercle de Lady Tan

Voici un livre qui, si je n’avais pas été passionnée par Les Carnets de l’apothicaire, n’aurait jamais figuré dans mes lectures. En effet, même si j’aime l’histoire et que je me souviens avoir vu avec plaisir Épouses et Concubines ou Le Dernier Empereur, je n’accroche pas particulièrement aux biographies romancées. Et pourtant, Le Cercle de Lady Tan parlant d’une des premières femmes médecins de l’histoire, Tan Yunxian (désolée le lien est en anglais, Wikipedia France ne la connaît pas), qui officiait à l’époque des empereurs Ming, je m’y suis intéressée. J’avoue à l’origine que je voulais surtout comprendre d’où MaoMao tirait ses remèdes.
Et si j’y consacre un article sur ce blog, vous vous doutez que j’ai particulièrement apprécié ma lecture. De quoi s’agit-il ? Tout simplement de la vie de Dame Tan, la fameuse Tan Yunxian, née en 1461 et morte en 1554, de ses huit ans à la publication de son traité
Divers récits d’une doctoresse à ses cinquante ans. Et de son amitié tout au long de leurs vies avec Meilin, fille sans père d’une sage-femme et donc d’une extraction bien inférieure à la sienne. La découverte de la médecine pour Dame Tan passe d’abord par l’agonie de sa mère, causée par la gangrène s’étant installée dans ses pieds bandés. À la mort de celle-ci, son père l’envoie chez ses grands-parents paternels avec son demi-frère et la mère de ce dernier (simple concubine du père qui finira répudiée, mais restera dans la famille parce qu’elle a donné naissance à l’héritier). Là, elle apprendra la médecine auprès de ses deux grands-parents, médecins tous deux. Et couvrira également les limitations dues à son genre et à son rang. Avec ses pieds bandés, elle ne peut courir ni faire d’intenses efforts physiques avec ses jambes (aussi simples que se tenir longtemps debout) et doit se soumettre régulièrement à des soins longs et humiliants pour éviter la gangrène. En tant que femme, sa pratique se limite aux autres femmes et aux jeunes enfants. Médecin, elle ne peut toucher un corps ensanglanté sans se souiller (et dois laisser cette tâche à son amie sage-femme qui, en outre, est chargée de pratiquer les autopsies sur les femmes). Et femme mariée, elle est limitée dans ses allées et venues par le bon vouloir de son mari et surtout de Dame Kuo, sa belle-mère, qui n’attend d’elle qu’une chose : mettre au monde un fils. Pourtant, peu à peu, elle arrivera à trouver un équilibre et à contourner les contraintes de son époque et de son milieu pour exercer son métier (jusqu’à l’intérieur de la Cité interdite dans le roman !) et atteindre une vie à peu près heureuse.
Découpé en différentes parties correspondant aux différents âges de la vie d’une femme selon Confucius, ce livre
se lit d’une traite. Il est parfois très dur (notamment dans le traitement des femmes à une époque où le confucianisme strict est la règle), mais également très beau en montrant les liens forts qui peuvent se tisser entre femmes d’une génération à l’autre et d’un statut social à l’autre. Avec, comme dans Les Carnets de l’apothicaire, une enquête policière qui se glisse dans les pages du roman et dans le Jardin des délices parfumés où vit Dame Tan. Et si, comme moi, vous souhaitez en apprendre plus sur Tan Yunxian et son environnement, le site de Lisa See a une sous-section passionnante avec de nombreux visuels à ce sujet (en anglais).

Le Cercle de Lady Tan
de
Lisa See
traduction de Karine Guerre

Éditions Albin Michel

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