Ayant assez récemment découvert Margaret Killjoy avec Un Pays de fantômes, j’étais curieuse d’en lire plus sur elle et ai acheté les deux novellas à son nom publiées dans la collection RéciFs : L’Agneau égorgera le lion et Les Morts posséderont la Terre. Comme les deux récits ont les mêmes personnages principaux, cette chronique ne parlera que du premier, car si vous n’adhérez pas à l’univers qu’il décrit, il sera inutile de poursuivre plus loin. De plus, il se suffit à lui-même, donc c’est une bonne porte d’entrée dans ce nouvel univers.
L’Agneau égorgera le lion se situe à une époque moderne, dans un monde similaire au notre. Danielle Cain qui vagabonde sur les routes d’Amérique du nord depuis une bonne dizaine d’années, débarque à Freedom, un squat anarchiste au fin fond de l’Iowa pour comprendre ce qui a pu poussé son meilleur ami, Clay, à se suicider. Sur place, elle découvre un cerf rouge sang à trois bois et des animaux morts-vivants la cage thoracique béante, qui terrorisent la communauté locale. Pourquoi ? Comment ? Voilà deux questions auxquelles elle va devoir répondre…
Si avec Un pays de fantômes, l’autrice nous montrait qu’un autre système de vie est possible en montrant les fonctionnements possibles de sociétés anarchistes et la façon dont elles peuvent résister à la pression extérieure, dans L’Agneau égorgera le lion, Margaret Killjoy nous montre comment les tensions internes peuvent détruire de telles sociétés. Ici, pour lutter contre l’envie de pouvoir d’un des arrivants, les autres membres de la communauté ont cherché une solution « magique » et surtout violente, qui se retourne contre eux. Et sa narratrice en est le témoin extérieur et involontairement l’agente pour sauver ce qu’il est possible de leur idéal. Ces quelques centaines de pages ne manquent pas d’action et d’images fortes, avec un rôle plus important de la magie et de l’horreur que dans son livre précédent. Pour autant, l’autrice n’en oublie pas d’être pédagogue et didactique sur le fonctionnement de la communauté, sur les meilleures armes pour se protéger sur la route, ou sur la façon de défendre une barricade face à une charge policière. Des informations toujours intéressantes, et potentiellement utiles, qui, parfois, arrivent comme un cheveu sur la soupe dans le récit et en cassent le rythme. Pas assez pour me sortir personnellement de ma lecture, mais à mon goût moins bien amenées que dans son livre précédent. Néanmoins, cela ne m’a pas empêché pas de commencer rapidement à lire la suite, espérant en apprendre plus sur ces « esprits sans fin » et la façon dont la magie fonctionne dans son monde.
L’Agneau égorgera le lion
de Margaret Killjoy
traduction de Mathieu Prioux
Éditions Argyll