Cinq ans après ma lecture de Lumières noires, son recueil de nouvelles et ayant écouté une présentation de sa trilogie Les livres de la Terre fracturée lors d’un colloque de Stella Incognita, j’ai donné une seconde chance à La Cinquième saison de N.K.Jemisin.
Et ? Je suis contente de l’avoir lu jusqu’au bout et je comprends que c’est un roman fort et important, mais je ne crois pas que je lirai les deux suivants,. Quelque chose dans son rythme ou sa structure fait que je ne le trouve pas fluide à lire, et ça m’agace prodigieusement.
Dans l’univers de La Cinquième saison, nous sommes dans un monde (notre Terre dans un lointain futur, un autre univers ?) où la Lune n’est plus dans le ciel, où il n’y a qu’un seul continent et où la terre est instable avec une très grande activité sismique. Dans ce monde, les êtres humains se sont regroupés en communautés, avec de nombreuses castes. L’une d’entre elles, les origènes en français, est particulièrement crainte et pourchassée. Sa faute ? Avoir un organe supplémentaire qui leur permet de contrôler l’énergie ambiante et de s’en servir principalement pour stabiliser la terre ou au contraire provoquer des cataclysmes. Quand ils ne sont pas tués dès qu’on s’aperçoit de leur nature, ils sont pris en charge par des Gardiens et conduits au Fulcrum pour être « élevés » et servir l’Empire. En pratique, les origènes sont considérés comme des animaux dangereux à l’apparence humaine dont il faut contrôler à tout prix les talents et la reproduction.
Pour raconter cette histoire, N.K.Jemisin dresse trois portraits de femmes à trois époques différentes : Damaya, une petite fille que les parents ont cédée à un Gardien au premier accident et qui va découvrir le Fulcrum et la façon dont on y conditionne les « grains de poussière » comme elle ; Syénite, une jeune femme du Fulcrum envoyé avec un origène plus talentueux pour se reproduire avec lui et pour enquêter sur ce qui bouche le port d’une communauté côtière ; et Essun, une femme qui avait caché son origènéité dans sa communauté d’adoption, mais qu’une catastrophe forcera à prendre la route pour retrouver le meurtrier de son fils. Et c’est là que ça coince pour moi. En passant sans cesse d’une temporalité à l’autre, et d’un mode de narration à l’autre, j’ai assez vite été fatiguée. D’autant que la personnalité de Syénite n’est pas la plus sympathique qui soit, ce qui rend ses parties plus indigestes à lire.
Au final, La Cinquième saison est un roman original bourré d’excellentes idées et faisant passer un message fort sur la déshumanisation, le racisme et le handicap. De plus, N.K.Jemisin enrobe le tout dans une histoire accrocheuse avec des personnages comme Hoa, le détestable Schaffa ou Albâtre qui donnent envie d’en savoir plus sur eux. Mais… pour moi, il souffre de trop de longueurs, et me confirme dans mon impression que je préfère N.K.Jemisin la nouvelliste, à N.K.Jemisin la romancière. Et vous ?
La Cinquième saison
De N.K.Jemisin
traduction de Michèle Charrier
Éditions J’ai Lu