If We Were Villains

Habituellement le sous-genre « dark academia » se passant dans des institutions scolaires d’élite où il y a quelque chose de pourri dans les couloirs de l’école (fantastique ou non) ne me tente pas plus que ça, voire m’ennuie. Mais quand ce sous-genre se trouve utilisé dans un polar, et qu’en plus il tourne autour de mon dramaturge favori, en trouvant If We Were Villains dans une boutique d’aéroport, j’ai craqué. Le premier roman de M.L.Rio commence à la sortie de prison d’Oliver Marsh. L’homme qui l’a arrêté il y a dix ans l’attend et veut savoir ce qu’il s’est réellement passé entre les sept étudiants de dernière année du conservatoire Dellecher qui a abouti à la mort d’un d’entre eux.
Ancienne étudiante de théâtre, M.L.Rio va utiliser la structure d’une pièce en cinq actes pour nous raconter cette tragédie moderne où la réalité de leur vie et les fictions créées par William Shakespeare des siècles et un océan plus loin se mêlent dans l’esprit des jeunes acteurs jusqu’au geste fatal puis à l’arrestation d’Oliver. Chaque étudiant campe un archétype du théâtre – le tyran, le héros, la séductrice, l’ingénue, le compagnon loyal, le vilain, le caméléon – sur scène et peut-être aussi dans la vie. Et comme tout groupe de sept jeunes adultes vivant en vase clos dans un environnement très intense et à l’écart du corps principal de l’académie, les tensions amicales et amoureuses se font et se défont.
L’autrice va jouer avec les clichés qu’elle énonce elle-même en début de livre pour, à chaque fois, nous surprendre et nous bousculer dans nos raisonnements et nos émotions. Sans avoir lu quoi que ce soit d’autre sur le Web (et évitez de le faire pour fuir tout divulgâchage), cela faisait longtemps que je n’avais pas été si surprise par la révélation finale, ni quasi soulagée par l’avant-dernière phrase.
Attention, le livre n’est pas sans défauts. L’acte III, par exemple, souffre de quelques longueurs (et de se baser sur Roméo et Juliette, seule pièce de Shakespeare qui me répugne au plus haut point). Et si l’on comprend facilement ce qui pousse à assassiner la victime, pourquoi celle-ci adopte un tel comportement dans sa quatrième année d’études est peu clair. Mais ce n’est pas très grave, et les pages défilent sans qu’on s’en aperçoive. À noter que j’ai lu ce livre en version originale. Si vous n’avez pas le courage de vous confronter aux innombrables tirades élisabéthaines dans le texte, If We Were Villains a été traduit (sauf le titre) en français chez Hauteville, mais je ne sais pas quelles traductions des pièces ont été choisies. En tout cas, ce livre a été un vrai coup de cœur, et les suivants de l’autrice, Graveyard Shift et Hot Wax, ne devraient pas tarder à atterrir dans ma PAL (ou pile/pièce à lire pour les intimes).

If We Were Villains
de M.L. Rio
Éditions Titan Books

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.