Envie de prolonger les vacances ? Et pourquoi ne pas se plonger dans un gros pavé et un récit-catastrophe ? Je vous propose Abysses de Frank Schätzing, réédité chez Pocket avec un petit miracle de reliure, car… malgré ses 1248 pages, le livre tient bien en main jusqu’au bout et ne s’abîme finalement qu’assez peu (bon le dos se casse pour les maniaques, et mon exemplaire a eu quelques pages cornées, mais rien de bien méchant).
De quoi parle Abysses ? Du fait que les océans deviennent d’un coup très inhospitaliers à l’homme : les barques de pêcheurs disparaissent, les moules et les méduses envahissent les côtes et s’accrochent à tout, les crustacés explosent et les cétacés se liguent pour attaquer les bateaux… Sans compter de drôles de vers mangeurs de méthane au fond des océans…
Partant d’un pitch de film catastrophe classique, Frank Schätzing écrit un roman choral suivant d’abord plusieurs personnes aux différents points du globe et nous les montre dans leur vie quotidienne jusqu’à ce que cela dérape, puis il montre les efforts de réponses de l’Humanité (au pluriel, car si notre espèce pouvait s’unifier et parler d’une seule voix pour le bien commun, cela se saurait) avant de basculer dans une version horrifique d’Abyss, le film de James Cameron, tout en étant conscient de la chose ce qui entraîne quelques métadialogues étranges.
Côté évasion, l’auteur remplit le contrat : il y a de l’action, des personnages auxquels on s’attache alors qu’ils (et surtout elles) vont mourir, et d’autres qui survivront, des explications scientifiques cohérentes sans être trop denses, et des idées farfelues qui finalement passent très bien une fois écrites. En revanche, j’avoue que le livre aurait pu bénéficier d’un certain dégraissage : est-ce bien nécessaire de nous raconter en détail un déplacement en voiture, une course de taxi, un week-end au bord d’un lac ou autre, si dans ces pages, seules une ligne ou deux feront sens plus tard pour l’intrigue principale ? Certes cela donne de la profondeur à certains personnages, mais vu la taille du pavé, on pourrait facilement en retirer 200 ou 300 pages sans grand mal. À noter qu’il y a une série adaptée de l’histoire, mais ne me demandez pas mon avis dessus : je ne l’ai pas vu. Et j’avoue, j’ai une telle idée des personnages comme Léon, Peak, Tina ou Judith que je n’ai pas envie de me confronter à une autre version. En tout cas, pas tant que le livre est frais dans ma tête.
Abysses
de Frank Schätzling
traduction de Danièle Darneau
Éditions Pocket