Holly

Et si Stephen King n’était pas plus terrifiant quand il écrit des polars bien noirs, sans intervention fantastique ? C’est une conclusion bien tentante après avoir refermé Holly. Ce livre suit une enquête d’Holly Gibney, apparue pour la première fois dans Mr. Mercedes et ses suites, ainsi que dans L’Outsider un peu en deçà (et une nouvelle du recueil Si ça saigne pour être totalement à jour). Ici, alors que l’épidémie de Covid bat son plein à Deerfield et que la ville est sous tension suite à une énième bavure raciste de la police, Holly est appelée pour retrouver la trace d’une jeune bibliothécaire mystérieusement disparue. Fugue ou… ?
Au fur et à mesure de son enquête, elle va s’apercevoir que du côté
de Ridge Road, artère résidentielle chic de la ville, certaines personnes disparaissent sans laisser de trace. Et ses investigations dévoileront des tueurs implacables pourtant au-dessus de tout soupçon. Notamment en raison de… leur grand âge. Et croyez-moi, après avoir lu ce livre, vous ne consommerez pas pendant de longues semaines des sundaes à la fraise ou des sorbets à la framboise.
Pour la lectrice, l’enquête d’Holly est sans surprise puisque, à l’aide de chapitres flashback, Stephen King dévoile assez vite qui sont les tueurs, leurs motivations et les conséquences de leurs crimes. En revanche, suivre comment Holly avec ses défauts, ses insécurités va remonter leur piste et comment Jerome et Barbara Robinson (autres personnages récurrents de la trilogie de Mr. Mercedes) vont l’aide
r est toujours un plaisir. Et visiblement, l’auteur a écrit ce livre avec la rage au ventre par rapport à la situation des États-Unis quand il l’a écrit. Admirateurs de Trump, complotistes ne croyant pas au « corona » ou professant des remèdes miracles, ou ce bon vieux racisme qu’il soit assumé (comme celui des tueurs) ou non (comme celui expliquant que les personnes noires ou latinas puissent disparaître sans réelle enquête) sont au cœur du livre. Et au milieu de toute cette rage, et de cette action, Stephen King trouve encore le temps de nous parler de son amour de la littérature, et plus particulièrement ici de la poésie, à travers le parcours de Barbara. Le résultat ? Holly est un livre qui se dévore, rapidement, d’une traite malgré ses 528 pages. Et qui rassasiera sans problème vos envies de thrillers et de frissons.

Holly
de
Stephen King
traduction de Jean Esch

Éditions
Albin Michel

Cette publication a un commentaire

  1. Spooky

    Je confirme, il est plutôt efficace, et montre une fois encore que King n’est pas qu’un auteur de mauvais genres, mais un fin observateur de la société américaine contemporaine.

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