La Dissonance

Que se passe-t-il quand vous prenez votre inspiration dans Ça de Stephen King, saupoudré d’un peu de Hellraiser et autres Évangiles écarlates de Clive Barker, et que vous remixez le cocktail à la sauce XXIe siècle ? Cela donne La Dissonance de Shaun Hamill.
Nous sommes à Clegg, une petite ville perdue au milieu du Texas, où rien ne se passe jamais. Là, à l’été 1996, Athéna, Erin, Hal et Peter, quatre presque-collégiens aux vies peu reluisantes s’aventurent dans les bois et y font une découverte qui changera leur vie. La magie existe, et elle se nourrit de la douleur et des sentiments négatifs des pratiquants. Et eux quatre n’en manquent pas. Vingt-trois ans plus tard, trois d’entre eux reviennent à Clegg, toujours aussi perdus dans leurs vies, pour tenter de comprendre ce qui leur est arrivé et faire leur deuil.
L’auteur va tisser son histoire en alternant le récit en 2019 et la fin des années 1990 et donnant à chaque chapitre le point de vue d’un protagoniste différent, avec une multiplication de fausses pistes. Et si la fin est expédiée et truquée comme un épisode de Scoubidou pour rattacher tous les fils laissés sans réponse, ce pavé est assez prenant pour se lire quasi d’une traite. Shaun Hamill joue à merveille sur les codes de la nostalgie chers à ces récits fantastiques d’ados confrontés au surnaturel, tout en ne s’y enfermant pas et en les détournant quand cela l’arrange. Et la fin douce-amère en est un exemple parfait : le happy end sera peut-être pour 2029 pour ses personnages. Attention, le romancier ne lésine pas sur les ingrédients à intégrer dans son livre et va les piocher à droite et à gauche dans tous l’éventail de l’imaginaire. Tu veux une épée magique ? La voici. Des quiproquos émotionnels ? En voilà et pas sous la forme d’un triangle amoureux, mais d’un quatuor et de l’apparition de quelques figurants ici et là. Un mentor grincheux et mystérieux ? À ta disposition. Il te faut un zombie de service ? Attend bouge pas j’ai ça. Et pour faire bonne mesure, je te mets quelques ondines, un vaisseau fantôme et un tulpa…
Vous l’aurez compris, La Dissonance est un livre très riche et très dense, presque trop, à grand spectacle. Si vous cherchez une histoire distrayante et dense à lire pour les ponts de mai qui s’annoncent, vous l’avez trouvé avec ce roman. Attention, l’influence de Clive Barker se fait sentir, et pas uniquement dans le sang versé.

La Dissonance
De Shaun Hamill
traduction de Benoît Domis
Éditions Albin Michel

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