Dans la science-fiction comme dans le monde réel, tout est une question d’assemblage d’atomes et de molécules. Qu’il s’agisse de détruire Godzilla en privant son organisme et l’eau qui l’entoure d’oxygène, de concevoir une drogue donnant à certains les capacités de plier l’espace et de voir le futur, de penser une forme de vie basée sur la silice ou de forger des haches sur une île déserte, la chimie est au cœur de multiples intrigues de la science-fiction (et de la fantasy, même si l’introduction de la magie oblige à des règles différentes, quand elle n’a pas son propre élément – l’octarine – sur le Disque-monde).
Avec Le Laboratoire de l’imaginaire, Fabrice Chemla nous apprend les bases de chimie nécessaires pour comprendre nos histoires imaginaires préférées, en inventer d’autres ou tout simplement apprendre la chimie en s’amusant. Dans les seize chapitres de son essai, il aborde à chaque fois un aspect différent de la chimie en multipliant les exemples tirés non seulement de la littérature de l’imaginaire (y compris les BD comme ces réplicateurs vivants adorablement grognons), mais également du cinéma ou de la télévision.
Un seul chapitre diffère, le dixième : il est consacré à L’Île mystérieuse de Jules Verne et à la façon dont les personnages mettent en pratique les connaissances de l’époque pour survivre à l’atterrissage forcé sur l’île. Mais également à la façon dont les descriptions de processus chimiques ont évolué dans le temps. Un autre chapitre, le douzième consacré aux odeurs, va lui s’appuyer en grande partie – mais pas uniquement – sur un roman habituellement non classé en imaginaire : Le Parfum, histoire d’un meurtrier de Patrick Süskind.
Si quelques chapitres sont des versions actualisées et souvent étoffées d’articles déjà parus dans la rubrique Scientifiction de Bifrost, la majeure partie de l’ouvrage est inédite. Et en bonus, outre une galerie de portraits des molécules remarquables présentes dans l’ouvrage et une bibliographie étendue dangereuse pour votre prochain passage en librairie (car largement plus alimentée par la fiction que par la littérature scientifique), le livre fournit un glossaire bien utile pour servir d’antisèche aux lycéens et étudiants, mais également aux parents voulant faire semblant de comprendre les cours de leur descendance.
Le Laboratoire de l’imaginaire
de Fabrice Chemla
Éditions Le Bélial’
Pas sûre d’avoir surmonté le traumatisme de la physique chimie au lycée pour m’y mettre, mais faut voir ^^