À force de traîner dans les mêmes recoins du Web que l’autrice, elle aussi mordue d’imaginaire, et ayant largement été incitée par une certaine Josépha Juillet à la lire, j’ai fini par craquer et acheter en précommande Les Nuits envolées de Magali Lefebvre, malgré mon peu d’enthousiasme pour la période napoléonienne. Et j’ai été happée par cette novella. Pourtant l’action n’est pas du tout au rendez-vous et seule la toute fin la fait basculer complètement dans le fantastique.
En effet, Les Nuits envolées nous raconte le temps d’un été et d’un automne le quotidien de Sirine en 1812. Mariée depuis un peu plus d’un an avec son ami d’enfance, celui-ci vient d’être appelé au front dans l’armée napoléonienne, laissant la jeune femme dans la demeure familiale, avec ses beaux-parents, Aurore et Célestin. Inquiète, Sirine dort très mal, et surtout très peu. Ses nuits sont hantées par une phalène, une chouette effraie et une étrange créature… Peu à peu, Sirine perd l’appétit, hormis pour la viande crue et quelques fruits, maigrit et perd tout simplement pied. L’angoisse de l’attente des lettres de son époux, les insomnies et de vieux souvenirs remontants agissent jusqu’à ce qu’elle sorte de son carcan de jeune femme de bonne famille…
N’attendez pas de scènes particulièrement violentes en lisant ce livre. Raconté entièrement du point de vue de Sirine, il tient plus de l’introspection et du roman gothique anglo-saxon, au point que les premières apparitions fantastiques laissent planer un doute : réalité ou hallucinations dues au manque de sommeil ? L’autrice excelle à nous faire partager les sentiments de son personnage, et à dépeindre en peu de mots l’atmosphère de la maison, de ses habitants et de l’entourage de Sirine. Et le résultat est un récit onirique, doux et envoutant qui se savoure avec grand plaisir le temps d’un après-midi ou d’une soirée.
Les Nuits envolées
de Magali Lefebvre
Éditions du Chat noir