J’ai déjà parlé de La Galaxie vue du sol de Becky Chambers ici, et j’avais lu L’Espace d’un an quelque temps avant d’ouvrir ce blog, mais j’avais envie de replonger dans l’univers des Voyageurs. Ni une, ni deux, l’intégrale en numérique du cycle a atterri dans ma liseuse. Et le charme a une fois de plus agi. Si vous aimez le space opera, cette série est comme une bonne tasse de boisson chaude (café/thé/chocolat/tisane suivant vos goûts) prise en rentrant chez vous après une journée pluvieuse. La base commune est que les Humains ont quitté la Terre mourante en deux vagues : les riches entrepreneurs ont colonisé Mars, puis le reste a construit de grands vaisseaux générationnels pour s’exiler. Ils ont été repérés par l’Union Galactique, un ensemble de civilisations extra-terrestres vivant plus ou moins en harmonie, et finalement intégrés à cette UG. Et dans ses romans, Becky Chambers va raconter la vie des différents « intells » (mot désignant les différents individus membres des espèces intelligentes).
La première histoire, L’Espace d’un an, suit la vie de Rosemary Harker qui a fui son passé et sa famille martienne en intégrant un équipage interespèce de tunneliers, perçant des trous de ver d’un endroit à un autre et qui va se retrouver mêlé à une rencontre avec une nouvelle espèce non encore membre de l’UG. La deuxième, Libration, alterne les premiers pas d’une intelligence artificielle dans une incarnation physique (illégale) et le passé de l’amie humaine qui va l’aider à s’intégrer sur cette planète commerçante multiculturelle. La troisième, Les Archives de l’Exode, montre les tensions au sein de la flotte de la deuxième vague d’Humains à quitter la Terre. Faut-il rester dans ces vieux réseaux et continuer à un mode de vie collectif basé sur le partage ? Faut-il partir sur une planète ? Comment s’intégrer et réagir face aux autres, que ce soit des humains « rampants » rêvant d’immigrer dans la Flotte ou des « intells » étrangers à l’avancée technologique et aux différences culturelles prodigieuses ? Et le quatrième, donc, La Galaxie vue du sol, présente différents « intells » (dont aucun Humains) coincés sur une planète « station-services » et forcés de cohabiter malgré leurs différences et leurs passés sanglants.
Chaque récit à sa propre touche et sa propre problématique. Et des quatre, c’est Libration que j’ai le moins apprécié avec ses chapitres alternant entre le « présent » (l’IA découvrant le fait d’être incorporée et découvrant comment nouer des liens avec des individus biologiques) et le « passé » d’enfant esclave de celle qui l’a recueillie. Les Archives de l’Exode est, bien qu’anthropocentré (à une exception près), intéressant, car il montre une Humanité qui a du volontairement faire des choix radicaux (renoncer à la violence, vivre en semi-communauté, reconstruire une société où l’argent n’existe pas et où le travail est repensé) et qui doit maintenant se rouvrir aux autres. Et situé en troisième position, même s’il peut se lire de façon indépendante, il prend une autre saveur. Et même si le quatrième, La Galaxie vue du Sol, reste mon favori, L’Espace d’un an arrive juste derrière. C’est un récit de voyage, un récit de passage à l’âge adulte pour sa protagoniste, mais également pour d’autres membres de son équipage. C’est également celui qui est le plus dans l’esprit de Star Trek ou de Babylon 5 avec la découverte des mœurs des différentes espèces tant sur le vaisseau que lors des escales.
Que vous le lisiez en espaçant chaque roman ou que vous le dévoriez en une ou plusieurs grandes sessions, le cycle des Voyageurs est un pur plaisir de fan de SF voulant rêver quelques pages la tête dans les étoiles. Certes l’action, qui reste présente, n’est pas au cœur du récit, mais les intells créés par Becky Chambers (qu’ils viennent de la Terre ou non) sont particulièrement bien campés. En parlant d’extra-terrestres, non seulement elle invente des formes originales (comme les Larus, mini-brontosaures poilus pouvant se déplacer sur quatre ou deux pattes), mais elle leur invente des cultures, des structures familiales et des tabous qui les rendent à la fois très différents et tellement proches de nous. Son écriture, simple, mais diversifiée et créative, nous plonge rapidement au cœur des pages. Si vous devez faire découvrir le space opera à quelqu’un qui ne connaît pas bien le genre, ce cycle est un excellent endroit pour commencer.
Les Voyageurs
(L’Espace d’un an, Libration, Les Archives de l’Exode, La Galaxie vue du Sol)
De Becky Chambers
Traduction de Marie Surgers
Éditions L’Atalante
Je vois que je ne suis pas le seul à avoir adoré ce cycle. Le fait qu’en plus il colle de très près à la vision que j’ai pour mon univers de SF perso, c’est juste parfait.
J’ai lu que les deux premiers et j’ai aimé les deux, j’ai bien hâte de passer à la suite ! (oui, je sais, c’est de la SF XD)
J’ai vite abandonné le premier, c’est long, c’est lent, c’est vide… bref ce n’est pas mon café, chocolat, tisane au coin du feu. 🫣
Eh… Nous ne pouvons être d’accord sur tous les livres. C’est aussi la beauté de la lecture…
Mais j’ai tellement adoré l’univers complet (les lieux, les personnages, les espèces, les relations sociales…) que Becky Chambers a mis en place !!! Un cycle que j’ai lu tout à la suite, trop cool !
\o/